Hervé Bernard Omnes
Double actualité pour le metteur en scène Hervé Bernard Omnes : tandis que Mères
veilleuses spectacle quil avait créé en janvier 2009 à Lépée de
bois et qui avait alors rencontré un vif succès est repris dans la petite salle
du théâtre dans le cadre du festival Un automne à tisser, il présentera en
avant-première au Vingtième Théâtre la nouvelle création de lauteur et
comédien Samuel Ganes, Mauvais garçons, les 5 et 6 octobre.
Hervé Bernard Omnes a fait une entrée remarquée en 2006 sur la scène parisienne avec
son adaptation du Projet Laramie de Moisés Kaufman, évocation fine, sensible et onirique
de laffaire Matthew Shepard, crime homophobe dune violence inouïe qui avait
laissé lAmérique en émoi. Après Vive la France, Hyperbole et Microfictions, la
comédienne Raquel Iruzubieta a fait appel à ses talents pour la pièce de Sylvie
Chastain, dont elle partage laffiche avec Christine Gagnepain. « Jaime le
théâtre documentaire. Redonner la vraie parole. Mères veilleuses, sinspire
dentretiens que Sylvie Chastain a eus avec des mères de détenus et dont les
enfants avaient tué, volé, sétaient suicidés en prison
Autour de ce
thème, elle a bâti un texte sur lamour maternel, sur ce lien indéfinissable et
indestructible qui unira toujours une mère à son enfant. » Sur le plateau, deux
comédiennes : « quand lune parle, lautre est en action. Pendant toute la
pièce, elles ont un jeu parallèle : elles se regardent seulement à la fin, se sourient
et partent ensemble comme si ces femmes isolées, infinies, étaient toutes connectées
entre elles. Les fils de laine rouges qui composent le décor sont à la fois des liens,
des toiles daraignée, des filets de sang, puisque ces mères tricotent pour leurs
enfants morts ou vivants. » Les enfants terribles prendront toutefois la parole avant les
mères dans la pièce de Samuel Ganes : « La première partie est très drôle : des
créatures efféminées, superficielles, obsédées sexuelles, sans conscience politique,
consuméristes, inconscientes se retrouvent pour une soirée danniversaire et se
balancent des vannes
Soit le portrait rêvé des homosexuels par les hétérosexuels
! Mais dans la seconde partie, comme dans les pièces de Tennessee Williams,
dONeill ou dAlbee, le vernis craque, les miroirs se brisent, les secrets
les plus enfouis resurgissent : un ange exterminateur arrive et déclenche une rafale de
révélations. Le spectateur assiste à la naissance de six criminels dévorés par leurs
démons. Comme lécriture de Samuel insiste sur les parts dombre et de
lumière inhérentes à chaque individu, nous avons choisi un décor noir, blanc et
transparent, avec des portes mais pas de murs, pour illustrer lidée que rien ne
protège des regards. La pièce ne cesse de répéter : "pour vivre heureux, vivons
cachés" et "mieux vaut être seul que mal accompagné", mais vivre seul
avec ses mensonges, cest être très mal accompagné. Le pas quils feront vers
lautre leur apportera peut-être la rédemption. »
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